Crédit photo : René Brossy, Collection particulière

++ LE TEXTE

  On aurait juré une fête vénitienne car ces hommes, avec leurs maillots bariolés, ressemblaient de loin à des lampions

Un jour viendra où l'on nous mettra du plomb dans les poches, parce que l'on trouvera que Dieu a fait l'homme trop léger.

Si l'on continue sur cette pente, il n'y aura bientôt que des« clochards » et plus d'artistes. Le sport devient fou furieux ...

Ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives. Bref ! nous marchons à la «dynamite ».

Tiens, tu n’es qu’un manœuvre, qu’un gâcheur de plâtre, qu’un cireur de botte, qu’un laveur de vaisselle. Tu ne comprends rien à la beauté du guidon.

Il va si vite qu'il m'envoie du vent en passant : - J'ai peur! me crie-t-il.

Comme une vieille bique dans la poussière du vainqueur.

Ils se sont battus avec la route. Les batailles avaient lieu en pleine nuit, au petit matin, sous le coup de midi, à tâtons, dans le brouillard qui donne des coliques.  

   Il faut avoir entendu les premiers bruits du jour, les murmures des feuilles, les caquetages et le "glou" des fontaines que la vitesse superpose pour savoir à quel point le vélo est une fabrique de spectacle.   

Extrait de Méli-Vélo, Paul Fournel, Le Seuil, 2008.